L’architecture
considérée
sous le rapport de l’art,
des mœurs
et de la législation ;
par C. N. Ledoux
Exegi monumentum....
Résumé
Introduction
p. 1
Dédicace au Tsar Alexandre de Russie et parallèle avec Alexandre le Grand. Circonstances difficiles dans lesquelles Ledoux a effectué son travail de conception du livre. Raison de la conception : offrir au lecteur un projet élaboré pour insuffler un mouvement créateur qui fasse enfanter des chefs d’œuvres. Description de la ville idéale : usines populeuses, monuments luxueux, habitations consacrées aux plaisirs aux environs, villages et bourgs contrastant par leur simplicité.
p. 2
Hiérarchie des édifices. Temple à Dieu qui les domine tous et règle la vie de l’homme. Puis temples de la Morale, Philosophie, Loi. La Vertu peut se passer de temple. Importance du bâtiment consacré à la Sagesse où tous les âges de la vie se rencontrent. Ecole qui allie la Sagesse et la Loi pour construire l’honnête homme. Puissance de la Beauté au service de la Sagesse. Oikema : lieu du vice qui conduit l’homme à la vertu.
p. 3
Cénobie. Seule la Concorde construit une société harmonieuse. Monuments qui rassemblent les hommes : théâtres, arcs de triomphe et cimetières. – Temple (Palais) de la Justice, Prétoire et Pacifère : lieux de la Loi qui maintient l’Harmonie. – Arts mécaniques.
p. 4
Les forêts et ceux qui les peuplent. Productions de la forêt : bois, charbon, qui participent à la richesse. Le bâtiment de graduation. – Les campagnes : lieux de l’agriculture et de ses productions. Monarque berger : poète inspiré par les dieux de la nature et inspirant les arts.
p. 5
Le commerce : marché protégeant les richesses, fleuves, voies commerçantes, magasins réunissant les productions et les distribuant. Façon dont les hommes perçoivent cette redistribution selon leur position sociale et leurs penchants. – Misère ou magnificence. Goût et simplicité de l’habitat du pauvre. – Somptuosité de l’habitat du riche.
p. 6
Commodité de l’hôtellerie. Equipement des villes, ressources pour l’habitant. Opposition demeures gouverneur/employés. - Aux environs des villes : maisons de réunion et de plaisir, lieux de loisirs. - Façon dont Ledoux instruit les futurs architectes.
p. 7
Empreinte de l’âme du concepteur sur l’œuvre. Importance de savoir où il va, condition pour aboutir. - Gérer son temps, ne pas se laisser distraire par la gloire et garder son indépendance. Intérêt du classement chronologique des exemples. Nécessité de lutter continuellement contre le faux goût et de défendre les principes de l’Art.
p. 8
Assimilation de l’Architecture au soleil victorieux et organisateur. Méthodologie de Ledoux. - Inanité des pyramides dans le désert. Tempêtes régénérantes ou destructrices. Ce qui place l’homme face à son insignifiance. - Nécessité de connaitre l’histoire de l’Architecture, et la façon dont chaque peuple la pratique.
[Postérité de l'architecte]
p. 9
Tirer profit des découvertes du passé ; valoriser ces découvertes et le sentiment qui les a provoquées, opposé aux « folles productions d’une imagination délirante » – toute action doit contribuer au bien social – la juxtaposition de ces actions doit éclairer les ténèbres – toutes les nations doivent y contribuer, et l’Architecte a un rôle clé dans ce programme – comme la rosée n’est célébrée qu’après la récolte, l’Architecte ne sera récompensé que « par l’immortalité de son nom » – la postérité admirera ses œuvres, débarrassées de tout « amalgame falsificateur » lié aux circonstances de leur création – ces œuvres indiqueront les principes « confirmés par l’expérience », les « règles immuables » de la construction. – 1. Choix du site et orientation du bâtiment en fonction des vents et du soleil.
[Règles immuables de l'architecture]
p. 10
Danger des dépendances (?) – 2. Unité : « rapport des masses avec les détails », continuité des lignes – 3. Variété : réside dans le caractère propre à chaque édifice – 4. Convenance : construire en fonction de la richesse, du lieu, des besoins – 5. Bienséance : nécessaire correspondance entre proportions, ornements et fonction des édifices – 6. Economie des matières grâce aux « sages combinaisons de l’art » – 7. Symétrie : « puisée dans la nature, elle contribue à la solidité ». N’exclue pas le pittoresque, ni même le bizarre « qu’il faudroit bannir » – Le goût et la méthode – « Le véritable goût est de n’avoir pas de manières » : ni arbitraire, ni conventionnel, mais naturel chez certains.
[La distribution]
p. 11
La méthode : permet de lier les choses les plus diverses. – l’empire de la beauté sur les sens – Richesses issues des mers, de l’industrie, du « goût vivifiant du bien-être » ; « L’homme du monde indique ses besoins ; souvent il les indique mal, l’Architecte les rectifie. » – La distribution : ses bases permettent de réduire les écarts, mais « ses modifications sont infinies. » – Les progrès de la distribution retardés par la manière de l’aborder : exemple de l’Italie où « on donne tout à la représentation » ; de la France où les divisions sont multipliées au détriment de la salubrité, de la commodité… – Variété vs caprice ; la distribution doit être assujettie au goût, à la « sévérité des lignes », au besoin, à l’économie du temps.
[La décoration]
p. 12
« ce que l’on doit à la classe laborieuse » qui travaille dans les champs ; passage à la première personne : engagement de l’architecte contre les négligences, « les abus […] qui retardent la science de la distribution », les préceptes qui l’enferment. – La décoration : « caractère expressif […] que l’on donne à chaque édifice », elle anime les surfaces, corrige les irrégularités, renforce les caractères, « cette coquette habile […] joue tous les rôles » et « les décorations bien conçues doivent être isolées ». – La science élève l’homme, mais elle fausse certaines perceptions.
[Les ordres]
p. 13
l’Architecture doit être indépendante, malgré les rapports qu’elle entretient avec « les parties qui la composent » – La beauté et la juste proportion de l’édifice achevé font oublier l’Architecte : « tout y paroît nature et tout y paroît art » – Les ordres : le mauvais goût à la mode vs les ordres grecs, le danger des règles trop générales : « la distance seule peut en fixer le diamètre et l’écartement ». – Les ordres fragiles doivent prendre place dans des lieux abrités des intempéries qui menacent leurs ornements.
[Le mobilier, les décors / La stéréotomie]
p. 14
nostalgie du temps où les murs des appartements étaient décorés de tableaux, où les lignes droites régnaient dans les menuiseries, aux plafonds, où le mobilier et ses ornements empruntaient au vocabulaire classique (« les beautés du Vatican »). Critique des papiers peints, de leur mauvaise qualité, de leurs couleurs, employés aussi bien dans les habitations que dans les théâtres. – L’art de la stéréotomie, la beauté des « belles masses », des contrastes appuyés, opposée aux ornements fragiles. – Seul ce parti semble adapté aux constructions isolées, particulièrement exposées aux accidents. – Se méfier du critique, « on perd la vue si on s’accoutume à voir par les yeux d’un autre ».
[Les femmes / Le texte et ses écarts]
p. 15
les femmes, « divinités de la terre », à qui l’on doit ses premiers crayons, ses premières idées. – Les mœurs publiques et l’économie politique gagneraient à s’inspirer des sentiments féminins ; lien entre les femmes et les colonnes (cannelures, volutes). – Risques du débat (?) – Justification des écarts dans le texte, pour « mettre en évidence des préceptes constatés par la nature et l’expérience » ; les longues descriptions ne correspondent pas toujours à des objets importants. – La puissance des sensations, par lesquelles l’homme se perfectionne – « L’Architecture est à la maçonnerie ce que la poésie est aux belles-lettres ».
[Le style figuré]
p. 16
pas d’uniformité dans l’expression – l’artiste sait transformer de simples programmes en édifices magnifiques, il sait créer quelque chose de fécond à partir d’un champ aride. – « Pourquoi, me dira-t-on, employer sans relâche le style figuré ? » – Importance des lacunes, du repos ; exemple de La Fontaine, Virgile, Homère ; l’Architecte, par ses écrits, doit élever son lecteur et « faire respirer ses murs » – L’importance de l’éloquence en art.
p. 17
à partir de petits projets, l’artiste crée de grandes choses ; son style doit être révélateur de sa pensée ; contrairement au poète, l’artiste peut créer dans l’isolement, s’appuyer sur les sentiments ; l’expression révèle librement le sentiment : un sentiment élevé s’exprime par un style élevé ; rien n’est étranger à l’Architecture, d’où les nombreux thèmes abordés par l’architecte dans ce livre ; l’architecte ne peut rien ignorer ; l’architecture existe depuis la naissance de l’homme ; l’architecte « a tout mis en action dès le commencement du monde ». – l’architecte ne peut ignorer la vertu.
p. 43
– « Je voyageois » ; nouvelle des travaux ouverts en Franche-Comté – Intérêt de la Franche-Comté – Description de ses « effets pittoresques » ; arrivée du voyageur à Salins, où il est guidé dans la saline par le directeur – Descente dans les « antres profonds » à la lumière des torches – Description des voûtes, roues, ponts. Le voyageur se fait ouvrir les trapes des récipients d’eau de samure par un « habitué ». – Effets de l’« enthousiasme » sur celui qui pénètre en ces lieux – Métamorphose surhumaine et ridiculisée du directeur (Marsyas) – Le voyageur quitte le « répétiteur » et franchit les marais – Joie de contempler le soleil
p. 44
– Réflexion politique : « On voit mal ce que l’on voit de trop près ; le monde politique a un point de vue, c’est à l’homme de le bien choisir » ; le voyageur quitte « l’abyme ténébreux » de la saline, lieu de richesse – Suite du départ du « pays des fantômes », le voyageur enlève son manteau et suit les eaux du fleuve – Sortie et contemplation du ballet des voitures – Prise de notes dans la « retraite nocturne » et consultation de la carte du pays – Matin – Description de la région qui s’éveille, les « milliers d’hommes » au travail – Découverte d’un atelier d’ouvriers près de la Loüe ; intervention du voyageur : il est « plus simple de détourner la route pour construire un pont, que de détourner le pont pour isoler la route » – Réponse d’un « régulateur »
p. 45
Le régulateur conduit le voyageur dans une maison où un jeune artiste lui fait voir « les plans, coupes, élévations du véritable pont (planche 3) » ; Détails des plans et « Vue perspective du pont de la Loue (planche 4) ; description des vaisseaux, scène imaginaire faisant intervenir les vaisseaux de Xerxès ; question à « l’inspecteur » sur l’absence de « traits purs » des constructions, par opposition à d’autres constructions (liste d’arcs et ponts)
p. 46
Critique des ouvrages de « faux goût », avortons sortis du flanc dédaigneux de la haute Architecture, inutiles et dangereux – Réponse de l’artiste : les « arcs si vantés » par le voyageur sont « passés de mode » – Défense par l’artiste des ouvrages aux « proportions gigantesques », comme le colosse d’Athos par Dinocrate – Réponse du voyageur qui critique les « tours de force » et prône la « vérité dans les arts » « la solidité des constructions » – Réponse de l’artiste qui n’apprécie pas les « formes rectilignes » – L’artiste dessine un plan pour prouver l’impossibilité des « ordonnances régulières » sur ce terrain pentu ; le voyageur est convaincu – C’est un débat bien connu – Puissance des torrents
p. 47>
– « La principale beauté d’un pont consiste dans la pureté du trait » – Conclusion sur la puissance des idées qui forment les « résolutions » – Idées générales – Réflexion sur le pont de Londres ; élévation d’une galerie – Création d’ombres – Nécessité de tirer parti des « heureuses dispositions [de la nature] qui laissent beaucoup de liberté au génie » – Plans, coupes, élévations d’une grange parée Planche 5 – Le Voyageur et le conducteur des travaux – Description d’un « humble édifice »
p. 48
– « Habitation d’un artisan de Dôle » – Situation « favorisée par la nature » (pentes, vergers…) – Rivière – Végétation – Réflexion sur l’épanouissement de la sensibilité dans ces « lieux enchantés » – Vision de « Protées de la gaieté », « athlète » et danseurs – Le voyageur arrive au sommet d’une colline près d’un petit édifice ; hangars, fontaines, bétail, vie de la basse-cour
p. 49
– Suite des pièces qui composent l’édifice – Réservoirs d’eau pour prévenir les incendies – Compliment au concepteur d’un tel endroit – Demande de précisions sur les « motivations » de cette construction – Elle est motivée par la seule « nécessité » ; contre les abus ; comparaison avec un château et des grands pins dont la « ruine est prochaine » – Critique des jardins à la française (Versailles); discours sur les « fausses jouissances » qui causent cette ruine par la destruction des sources naturelles de richesse
p. 50
– Rien n’est ainsi laissé à la « race future » – L’homme de bien, à l’inverse, est celui qui sait se modérer – Départ du voyageur – constat du talent victime de la critique – Maison destinée aux surveillants de la source de la Loue Plans, coupes, élévations ; vue perspective Planche 6 – Critique des « Architectes de portrait » – Ce sont de « froids copistes de la nature morte » – Description poétique d’un lieu naturel à dimension mythologique ;
p. 51
suite de la vision avec l’arrivée aux enfers, l’intervention des Euménides ; déluges sur terre. – Volonté d’apprendre à chanter les « merveilles » du Créateur – Énumération de ces merveilles, naturelles comme architecturales et artistiques ; les artistes sont ainsi « stimulés », c’est la source du génie – Les hommes sont ainsi « stimulés » ; lien entre l’art et « l’économie politique »
p. 52
Conséquence positive : la destruction des préjugés – Célébration des « idées entées sur la nature » – Il nous faut des « modèles qui parlent aux yeux » et non des préceptes – Rêve d’un « nouveau moteur » pour éveiller le « royaume des idées » – Logement du charpentier de la graduation ; son atelier Plan, coupe, élévation Planche 7 – L’atelier de charpente – L’espace qui suffit à une famille
p. 53
– Mieux vaut une telle sobriété que l’aisance d’un palais – Le voyageur est accompagné de la « curiosité » personnifiée – Il se définit comme « père » et « amoureux » – Une greffe d’arbres qui permet l’abondance contre la stérilité – Vision d’hommes en train de couper des arbres – Champs cultivés qui suffisent aux « besoins journaliers » – Le « cadre économique » du « tableau » : fruits et légumes, montagnes et arbres…
Maison d’un employé. Plans, coupes, élévations (Planche 17), p. 78
[un édifice peu intéressant par lui-même peut accélerer le progrès de l'Architecture]
p. 78
Réveil du voyageur et lever du soleil – RDV avec l'inspecteur sur l'esplanade de la porte de la Saline – développement sur l'imagination – architecture et nature – pittoresque – programme de la maison la plus modeste : façade, extérieur. Nota: "Le but de cette discussion sur la demeure d’un commis, a été de prouver qu’un édifice peu intéressant par lui-même, peut accélérer le progrès de l’Architecture, s’il développe des idées puisées dans la nature"
index : imagination
https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1889_num_2_6_5370, cite Hérodote, description de cette ville de Chemmis.
p. 79
– jardins et fleurs: "les grands principes réduits dans l’espace de quelques toises"; "Par-tout l’utilité étoit accolée à l’art" – spectacle du jardin depuis la maison isolée– L’imagination, qui grandit tout, et peut embellir, je dis plus, changer l’ordre immuable du monde" – modèle grandiose de la Rome Antique
p. 80
Critique de l'habitat rural, du retard du progrès dans le domaine de la construction "qui intéresse la masse dominante"; critique sociale de l'architecture pompeuse et démesurée vs "sentier de la nature"; critique sociale et politique de l'absence de programme ambitieux pour l'habitat ordinaire – formulation d'une objection: risque d'exagération et d'illusion –
Mots-clefs :O
p. 81
Considérations contradictoires sur les rôles combinés du gouvernement et de l'artiste dans le progrès des Arts – "les arts d'agréments doivent marcher d'un pas égal avec l'économie politique" – tableau condensé de la politique d'embellissements et de la "sollicitude administrative" éclairée; nota: référence à l'économie domestique
Mots-clefs :o
Hérodote II, 91:
Maison de campagne. Plans, coupes, élévations. Vue perspective (Planche 18), p. 82
p. 82
Considérations sur le goût: nature vs dénaturation; pureté et variété: "le goût se trouve par-tout où la pureté des lignes est présente" – critique du goût exclusif et despotique de l'huître – distribution de la maison "dictée par un grand maître des eaux-et-forêts"
"Plan d'une maison de campagne destinée à un mécanicien. Planche 19". Plan du RDC et de l'entresol. La planche fait face à la plage 20.
[Eloge des arts mécaniques]
p. 83
Description de la demeure du savant: simplicité, exiguïté, stimulation du génie – l'imagination scientifique – déclinaison de programmes professionels spécifiques pour les sciences et les arts mécaniques – l'art du mécanicien comme synthèse des arts – Réhabilitation des arts mécaniques – éloge exalté de l'industrie dans l'esprit de l'Encyclopédie et de l'esthétique du sublime. "Gloire lui soit rendue"; les jardins sont bordés par un canal alimenté par la Loue
Mots-clefs :o
Etonnant décalage entre la description précise du programme de la maison du savant (pièces, éclairage, meubles..) ET la distribution dans les planches. La planche ne renvoie pas à un programme professionnel; le texte propose une image sans rapport avec la gravure (texte/image) pourtant le texte maintient l'illusion du lien entre les deux registres, discours et illustration: "nous avons PLACE les différents cabinets .... dont nous avons fait la description"
Echo, avec Pierre Patte.
"Planche 20" : élévation, plans des premier et second étages, coupe. La planche fait face à la page 95.
p. 84
"Maison de campagne. Plans, coupes, élévations. Vue perspective. (Planche 21)". La planche fait face à la page 86.
[CARACTERE]
p. 85
Maison imaginée pour un couple dont le caratère est décrit pour expliquer la distribution. Considérations du moraliste sur la puissance et les maux de l'amour et de la passion (ici passion du mari, non partagée) – grands exemples de grands hommes vaincus par l'amour – les moeurs du couple dictent la distribution: "Ici, ce n'est pas l'architecture qui forme l'architecte, c'est l'architecte qui puise, dans le grand livre des passions, la variété de ses sujets... La disparité des caractères nécessite des distributions et des décorations dissemblables."; – réquisitoire contre l'uniformité vs la "liberté d'habiter, la liberté d'agir" – "En variant les plans, les élévations seront plus piquantes ; elles produiront des effets multipliés" – spectacle du crépsucule – jeux des masses avec les lumières – inutilité des détails de la décoration
p. 86
"Plan d'une maison de campagne. (Planches 22 et 23.)". La planche 23 fait face à la page 90.
[CONTRE LA ROCAILLE]
p. 87
Maison pour un Parlementaire de Besançon – Contradiction entre l'épuration du bâti / l'amas de discordances des aménagements intérieurs selon le mauvais goût du propriétaire. Satire du goût incohérent et frivole du commanditaire: intérieur, le jardin anglo-chinois... "la confusion de tous les délires concentrés"
cf. jardin du duc de Chartes par Carmontelle..
relation architecte / commanditaire: conflictuelle
"Maison de campagne. Plans, coupes, élévations. Vue perspective. (Planche 24)".
p. 88
Le goût abusé de l'"entant gâté de Thémis" (le Parlementaire) – critique du "crayon falsificateur" des Architectes, du "faux emploi des ornements": copie, compilation, narcissicisme stérile.. qui paralysent le génie –
p. 89
Soulagement de la paralysie d'un "expéditionnaire en Architecture" (Blondel?) – encouragement à copier des "produits épurés" (maison carrée...) et non "les produits de l'ignorance de chaque pays" – les "bamabochades dispendieuses" – la responsabilité de l'Architecte ("c'est toujours sa faute, quand les arts, qu'il commande, sont ravalés") comme conséquence de sa position surplombante – analogie littérature / architecture: l'"économie bien entendue prépare la richesse": contrastes, simplicité, émotions. – surcharge décorative des intérieurs / mépris du pouvoir de l'ornement en façade – Potentiel puissant de la statuaire mythologique et historique ("tout s'embellit par l'expression d'un sentiment exalté") vs la "décoration sans motif" – "suivez la nature des lieux, embellissez les situations": pureté du trait et proportion vs imposture séduisante du compilateur – l'architecte en "oiseau dominateur des airs" qui s'élève sur les "masses bien combinées" – menaces proférées contre ceux qui "tiennent la destinée des beaux arts" et "pressurent la gent laborieuse"
est-ce que la compilation ne vise pas ici, dans le contexte de critique de l'ornement rocaille, la question de la reproduction à l'infini des formes rocailles à partir de motifs? "mauvaises formes" (cf. Cochin, supplication aux orfèvres...): même critique de la mauvaise forme qui s'engendre à l'infini à partir de patrons..
"Maison de campagne. Plans, coupes, élévations. Vue perspective. (Planche 24.)".
[L'effet puissant des ombres]
p. 90
Fatigue et anxiétude de l'architecte – la nuit propice à la réflexion
p. 91
– convocation réservée de la tradition en "femme infidèle qui peut tromper" – la force de l'aveugle: Démocrite, Homère – Valorisation de la réflexion et de l'imagination vs les yeux qui "pompent les (...) effets" ou les yeux du mauvais goût qui "s'égarent" – les aveugles en "sublimes intendants", qui incarnent le recueillement et le geste initial d'invention vs les yeux, organes du "détail minutieux" (exemples des Insulaires qui créent l'idée et délèguent l'exécution) – exaltation du jeu des ombres: "surfaces que fécondent les chimères de la nuit", présenté comme une avancée du génie "qui transmet aux siècles éclairés la progression de ses charmes" – l'expérience de l'architecte en fleuve fécond – leçon de cette expérience: le rejet du détail: "Tout détail dont on ne peut saisir l’ensemble est perdu" – exaltation du jeu puissant des ombres sur les surfaces – la note développe l'innovation architecturale exaltée métaphoriquement par le texte, à savoir l'abandon des persiennes au profit du péristyle, qui "place les jours en second plan".
Superposition de réflexion, imagination (aveugle) / vue; au couple traditionnell: sujet, idée, création / exécution
Plan général des portiques destinés au service des maisons de commerce. Elévation et coupe (Planche 25), p. 92
[Protéger des intempéries ; favoriser le commerce]
p. 92
Chaux au centre d'un réseau européen de canaux – énumération des activités industrielles de la région qui "sollicitaient le travail et promettaient des résultats heureux" – la puissance éclairée (contrôle général des Finances?) à laquelle "rien n'est indifférent", protège des éléments et favorise l'activité: image du chêne –
p. 93
"cent portiques sur les bords du canal de Roche", carrefour des produits orientaux – abondance et protection (image du nocher contre les éléments) – rendre impuissante la puissance désastreuse de la Nature – Archimède, le génie qui multiplie la puissance de la nature; "des bois économes, placés à des distances combinées, obéissent "– "Qu’il seroit à désirer que ces essais timides de l’art (les portiques) pussent s’accréditer dans nos villes de commerce"; leur absence à Paris – inconséquence de l'administration: courte de vue et inertie
Vues perspective de maisons destinées à des négociants (Planche 26). Plans, coupes, élévations de maisons destinées à des négociants (Planche 27), p. 94
p. 94
Gageure du génie enchaîné par les restrictions du terrain et du budget – "succès de l’art, si on prouve que rien n’est à négliger", promotion des surface / rejet des détails; la gloire du génie s'éprouve aussi sur des "constructions ordinaires" – hiérarchie du prestige des programmes (épiceries / Pavillon de Louveciennes), mais "chaque sujet prend la couleur de celui qui le traite ; il suit les degrés de l’inspiration ; il est plus ou moins élevé" "rien n'est indifférent" – responsabilité de l'architecte en raison de sa position surplombante et visionnaire – ignorance et ténèbres du faux génie dispendieux qui cultive l'"écart".
p. 95
Portrait à charge du Traitant, "reptile stupide", "dépréciateur du goût" qui ruine sa race par une somptuosité mal entendue – Illustration du "goût économe": description d'une "retraite sentimentale" dans les glaciers: séduction, surprises, douce ivresse... – omnipotence de l'architecte – L'architecte en nouvel Homère, favori des Dieux, qui communique aux hommes "un langage élevé qui leur convient" – mépris pour "le cercle usé du répertoire de l'école", empesé, trompeur, endormi... – Maison parallèle destinée à un libraire: "on trouve dans les jardins, et sur les bords du canal", les ateliers pour toutes les étapes du procès d'imprimerie.
Plan, coupe, élévation de la maison de deux ébénistes (Planche 28), p. 96
["Tout est ouvrier": intégration des arts mécaniques au processsus artistique]
p. 96
La hiérarchie usurpée entre arts libéraux / arts mécaniques: usage universel des "mains" dans les arts – "Qu’est-ce que l’art ? Cest la perfection du métier." "tout est ouvrier" – le génie comme attribut commun à tous les arts, et sa reconnaissance posthume – nécessité de l'instruction – mais limite des corps, corporations et écoles comme lieux de l'inertie, de la fixation des préjugés – persécution de "celui qui s'isole" (qui innove) –
Là encore décalage entre discours sur les arts et techniques, dans le contexte d'un chapitre sur une maison d'ébénistes / et l'absence totale de pièces de travail dans le plan de la maison.. on a l'impression d'une attribution par le texte d'une destination professionnelle à une maison de campagne
p. 97
plaidoyer pour associer les "ouvriers de tous genres aux recherches des hommes instruits – mobilité de l'artiste sur l'échelle des classes: de la poésie héroïque à l'argile trivial – en retour, instruction à prendre de l'ouvrier qui "électrise les pensées" – grands exemples épiques comme moteur de l'élévation, de l'action – existence misérable du grand Homère, mise en regard du trajet d'ascension de l'ouvrier à l'artiste – variété qui a dicté le plan de la maison – commentaire des plans moins important que le discours de société sur le sort des ouvriers – étendre les facultés de l’ouvrier et les honorer: faire passer l'ouvrier de la seule condition sociale à un rôle nécessaire sur "le grand théâtre", après lequel il reprend "la dignité qui lui appartient"
Maison de campagne. Plans, coupes, élévations. Vue perspective (Planche 29), p. 98
[L'art qui corrige les moeurs et améliore le pacte social]
p. 98
Un père de famille avard veut bâtir une grande maison – la variété c'est l'âme du monde – l'architecte en moraliste: "détrôner l’erreur, en flattant une passion avilissante" – trois enfants, trois vices; l'architecte en "moderne Esculape" administre le remède: "On propose quatre petites maisons": réduit la dépense, maintient les noeuds en isolant.
relation architecte / commanditaire
p. 99
La décoration intérieure déclinée par pièces – célébration des pouvoirs d'élévation, d'émotion et d'édification des arts; impuissance de l'art quand ses leçons "n'offrent rien à l'amélioration du pacte social" – le repoussoir de l'excès ne doit pas détourner de l'utile splendeur des arts – "Pour corriger un vice, les peintres valent mieux que les chanteurs des divins cantiques" – comparaison entre l'empire des arts, gouverné par la raison / l'empire des hommes (le politique), instable et trompeur –
p. 100
L'art agent des corps, moteur des plaisirs, principe éternel qui survit à la décomposition (image d'Apollon) – suite des pièces: boudoir, cabinet d'étude – pièces de service; réquisitoire contre les dégagements (libertinage) – cabinet de bain: usage de la mosaïque – diatribe contre la tapisserie (les architectes "marchands de papiers"), qui condamnent à l'inaction peintres et statuaires – rappel, en conclusion, du progrès des Arts et de leur action politique et sociale: "il fait librement et sans tyrannie, ce que l’autre ne feroit qu’avec de serviles esclaves."
Maison d’un employé. Plan, coupe, élévation (Planche 30)
p. NC
Portique. Plans, coupes, élévations géométrales et perspectives ( Planche 31), p. 101
[L'abri]
p. 101
Tempête dans la forêt: "La nature toute entière fuit les désastres" – l'abri: les "portiques naturels" –
p. 102
Modestie et simplicité des portiques dans la ville naissante (nécessité vs luxe): lieu du loisir et du lien social – souhait de "la plus grande extension" de ce programme, pour le bénéfice de l'art – vision anticipée: "je vois nos villes et nos campagnes s’embellir"; souhait de repousser "le moment destructeur" pour assister au progrès futur des arts –
Atelier des scieurs de bois (Planche 32), p. 102
[Delenda est casa... la chaumière]
p. 103
Histoire cyclique – condensé de l'histoire de l'art, "chefs-d'oeuvres pervertis par l'ignorance" – "on élève encore des chaumières", produits du luxe – "Pourquoi ne pas effacer les traces de la pauvreté?" – "La classe nombreuse par-tout est dédaignée", hypocrisie de la guerre idélogique faite aux châteaux et aux Palais – esquisse d'un programme politique: "faveurs et accès aux misères", contre l'excès des inégalités – le génie qui respire, régule l'imagination – inévitables inégalités des fortunes, mais "point de mire commun"; scandale du jardin dispendieux d'un grand (Duc d'Orléans?) qui "appauvrit le terrain sur lequel il érige une chaumière"; régression aux origines des arts – "Détruire les chaumières, c’est rendre à l’homme sa dignité, sa sûreté" – "on compte pour rien l’Architecte qui peut créer un nouveau monde"; exemple scandaleux d'un dessert somptueux avec des "Palais de paille"; tableau de l'excès: Palais / Mazures – L'Architecte a seul la responsabilité de "réprimer ces délits politiques"; exaltation/projection du programme rural: variété, embellissement, élévation... associer la chaumière au palais – évocation de l’atelier des scieurs de bois; rappel: éviter les incendies
La maison du pauvre (Planche 33), p. 104
[La maison du pauvre]
p. 104
Paradoxe: la nature bienveillante comme maison du pauvre (confondu avec l'homme originaire), abri universel – Mais, dans l'ordre social: inégalités, "le pauvre, au dix-huitième siècle, n'a pas de quoi abriter sa tête"; portrait paradoxal du pauvre souffrant mais libre (dégagé des biens) – "le pauvre demande une maison"; discussion sur la richesse du pauvre: l'industrie.
Mots-clefs :o
p. 105
Le génie et l'imagination "relèvent la pauvreté": proportion retrouvée vs fantaisie – L'"Esprit élevé" est l'essence de l'architecture, appliqué à toute construction et accessible à tous; la proportion "ne coûte rien" – rien ne distingue le riche du pauvre; tourments du riche – Postérité de l'architecte qui aura construit pour les pauvres; architecture du besoin vs pompes et frivolité – le pauvre construit sa maison: dialectique vertueuse du travail et de la nature; simplicité de la maison, tranquillité du pauvre – précisions rapides sur le programme: fenêtre, plancher, salubrité vs putridité – maison du pauvre: à la mesure/proportion de l'homme.
Mots-clefs :o
La maison du pauvre est le motif qui permet à Ledoux de fonder ses principes: 1/ sur la nature: dont il trace le geste fondamental de l'abri universel au début: la maison du pauvre est à l'image de la nature qui abrite 2°) fonder le principe de proportion moralement et anthropologiquement: la proportion devient la mesure de l'homme, la conception de l'espace à la mesure de l'homme en tant qu'être de la nature, qui occupe une place; L'architecture assigne la place de l'homme dans la nature... Cette fondation de la conception de l'architecture dans la nature, ce lien entre les constructions et la nature, c'est la masion du pauvre qui permet de la rendre sensible
Chapitre sur maison du pauvre : logiquement après le réquisit contre les chaumières et l'absence de programme rural. Mais opère une régression de l'habitat de l'ouvrier, jusqu'à l'habitat primitif: celui de la nature / celui du plus démuni.. C'est le programme pour le plus démuni qui permet de toucher le principe le plus fondamental de l'esthétique de Ledoux: construire à la mesure de l'homme.
Plan de la porte d’entrée de la saline de Chaux (Planche 34), p. 106
[Porte de la Saline]
p. 106
Le "désireux pusillanime" envieux des prestigieux chantiers de Ledoux ; mais la dépense n'est pas le critère pour une esthétique imposante – justification et description du plan qui semble "étranger au caractère du génie" – savoir saisir l'occasion en dépassant les "préjugés inculqués"
Vue perspective de la porte d’entrée de la saline de Chaux (Planche 35), p. 107
p. 107
Pertinence du regard distant de l'étranger – métaphore solaire et météorologique de l'inertie en France vs "l'accident du ciel" qui peut la mettre en mouvement – vision mythologique et originaire de "l'antre" colossal, par le voyageur choqué par "l'exagération" – le "délire" –
p. 108
Réponse du conducteur qui justifie les formes: le site, la distance, le caractère – l'époque a "brisé l'entrave" du "pentamètre" des ordres – Critique de la Colonnade de Gabriel place Louis XV: délicatesse/caprice, légereté/avarice, luxe de "détails imperceptibles" – objection du voyageur: prestige du modèle de Palmyre; réponse qui fustige le mauvais usage du modèle antique et de l'histoire ("fastueuses transmissions") – Pour triompher du préjugé tenace du voyageur, le conducteur invoque de grands exemples: Paestum, Propylées d'Athènes..
Coupe de la porte d’entrée de la saline. Coupe du bâtiment des ouvriers (Planche 36), p. 109
p. 109
Adapter Ménésicles et Palladio à nos usages; grands principes; combinaison des masses vs détails – contre la "tradition rétrograde" (question de la proportion des ordres) ; responsabilité de l'architecte comblé par le génie vs Lapon limité – justification de l'ordonnance: diamètre, entrecolonnement, rocher qui "étonne" / niveaux, charpente, circulation commode et surveillance des gardiens "oeil infatigable" [proportion + commodité + destination] – bâtiment des berniers: ordre social vs nature; expiation de la destruction des forêts (consummées ici) – confort du logement et de la condition de l'ouvrier vs luxe exotique
Maison de campagne. Vue perspective. Plans, coupes, élévations (Planche 37), p. 110
[Variété]
p. 110
poésie de l'art, pittoresque vs uniformité – éloge de la variété en "politique" (édilité?); variété, sites et contrastes à la campagne – "éloignez la méthode" – équilibre entre liberté et satiété – faire varier les plans ("physionomie qui prête aux désirs de l'inconstant") – l'homme de lettre est équivoque (ambiguïtés de la nuance) vs l'architecte qui est "prononcé" (caractère): "séduction du merveilleux", "plaisir de la nouveauté" – situation de la maison dans la "plaine immense" parmi les manufactures de toiles peintes – exploitation économique de la rivière
Plan des bâtiments destinés aux ouvriers (fait face à la pl. 38)
[Mœurs des ouvriers des manufactures]
p. 111
Visite de Joseph II: monuments mais aussi manufactures; ensemble des considérations (économiques et sociales) qui préside au plan du bâtiment des ouvriers – Luxe économique: constraste des saillies; évocation du "foyer" central – tableau de la vie domestique ouvrière: morale et salubre – encouragements, aux accents sacrés, à des "vues d'humanité".
Elévation du bâtiment des ouvriers (pl. 39)
["Soyez peintre" ; et économe !]
p. 112
Décorations de convention vs "emploi raisonné des matériaux les plus grossiers" – nature, "magasin fécond" vs théorie "circonscrite dans ses régularités" – tableau créé par la disposition générale du "vaste cercle" de la Saline ("cinq élévations"), depuis les positions du spectateur et ses impressions – grands effets des décorations ("objets de détails") depuis le "point de distance": lumière et surface; "l'oeil s'échauffe dans ces surfaces inanimées", "effets inattendus"; économie (l'Architecte "avare") – le peintre comme exemple d'économie: l'Architecte en "peintre de la nature" qui "compose son tableau": point de vue, masses, couleurs, effets pittoresques (jardin) – "commencez par être peintre": "effets prononcés" grâce à des moyens bruts – abondance dans la disette; grandeur et harmonie; contre exemple de "l'homme de métier" et sa "dépense matérielle", comparé à la femme qui accumule "à grands frais" – distinction entre cette "abondance distribuée" avec économie et "stérilité pénible"; art des couleurs (de la lumière et de l'ombre): "ménager les nuances" pour faire valoir l'objet.
Pacifère. Plans, coupes et perspective (Planche 40)
[Songe contrarié mais triomphant d'un temple au bonheur]
p. 113
Projet de temple au bonheur vs lieu lugubre de l'architecture gothique et de la justice seigneuriale ("Thémis")
Pacifère. Plans, coupes et perspective (Planche 40)
p. 114
– tableau mythologique effrayant des crimes de tous les genres (parricide etc...) et des supplices infernaux – "idées désolantes" sur le mal qui manquent de faire renoncer l'architecte : "la violence, la fraude, l'avidité", mais "pensée philantropique" qui relance le projet du temple au bonheur – les "hommes moins criminels" de la "ville naissante" demandent un "monument à la conciliation" (et pas un tribunal) – l'architecte en Amphion; programme gravé: maximes, non pas sanglantes, mais d'amour, de justice et de paix – réveil du songe, édifice élevé; "système symbolique" qui caractérise chaque production; architecture parlante et poésie (Boileau).
Plan des ateliers et logement des maréchaux. Plans destinés à la fabrication des sels (Planche 41) p. 115
[]
p. 115
– critique des penchants superficiels et trompeurs – rejet de l'excès; scrupule de l'architecte dans la conception d'un bâtiment ("usage et logement des ouvriers") qui assure les "jouissances journalières", la sécurité – conception de l'espace central de travail et distribution des ailes (chambres et entrepôts), dans une description à la fois épique et domestique du travail des forges; l'évacuation des fumées –
p. 116
art poétique: justification du style élevé: "enrichir la pratique du métier avec une théorie qui l'annoblit" – esthétique de la contrainte vs excès et illusion mensongère
Maison d’Union. Plans, coupes, élévation. Vue perspective (Planche 43), p. 117
[L'architecture: mise en pratique des principes]
p. 117
L'union comme loi imprescriptible de la nature – célébration de l'union (politique, sociale, métaphysique...) – "la philosophie prépare les doses" et "ouvre une carrière aux amis de l'humanité" – justification d'une "maison pour assembler les vertus morales" (qui sont présentent partout..) par l'idée du livre de pierre, exemplaire: "les monuments frappent la classe laborieuse qui n'a pas le temps de lire"; maximes sculptées – mes principes: l'union – assurance du bonheur et de la reconnaissance –l'impôt (sel), bien dirigé favorise le développement de l'édifice: programme: résidence de savants et d'artistes, "nouveau pacte social" influent – "foyer d'instruction"
Elévation du bâtiment destiné à la fabrication des sels (Planche 44), p. 118
[Caractère et composition (picturale)]
p. 118
Doctrine de la décoration: grandes surfaces vs ornements de détails, noyés de loin ou écrasés par la masse de près – proportion vs décoration (moulures, appliques...) – appareillage: jeu des saillies, "mouvements accidentels" aux effets plus forts que le "scrupule du compas" – le plan: pureté, nécessité et simplicité vs "plans tourmentés et pompeux"
p. 119
– le caractère, lisibilité de la destination par "le spectateur le moins instruit" – caractère et pysiognomonie (note sur la viste chez Tornatory à Aix – renvoi du Palais de justice au tome 4) – "nuances infinies" des vérités idéales – "l'homme qui n'est pas électrisé par le beau idéal" reste au seuil du temple du goût – théorie du caractère et de la convenance appliquée à l'élévation du bâtiment et aux portiques – composition picturale: insertion de l'élévation dans le cadre plus vaste du tableau et du paysage (en fort écho avec la gravure): "charmes de la couleur", constastes, nuées, épisodes, scènes; "variété partout".
Plan, coupe, élévation du logement destiné au taxeur des bois (Planche 45), p. 120
[La gaieté naïve et l'amabilité de l'architecte]
p. 120
Isolement; "azyle du bonheur" – Mais critique de la sagesse et de l'imperturbabilité vs amabilité, et charmes de la vie; les "surfaces qu'il décore sont des miroirs fidèles qui répercutent son âme"
p. 120
Plans, coupes, élévation d’une maison de campagne (Planche 46), p. 121
[À chacun ce qui lui convient]
p. 121
Maison pour un marchand de Besaçon; élévation; jardin et tableau – ressemblance des convenances respectives: "l'art préside au logement de la fourmi et de l'éléphant" – la "nature donne à chacun ce qui lui convient" – note: le jeu des masses nues se substitue, à grande distance, au péristyle ou au colossal –
Fourneaux de la saline. Coupe (Planches 47 et 48), p. 122
[Économie des moyens]
p. 122
"ici c'est une affaire de finance" – moyens naturels des Scythes vs richesse (moins efficace) des Grecs; surfaces dépouillées vs conventions mauvaises – construction du programme industriel du fourneau (isolement pour préserver de l'incendie): "l'artiste économe" ménage l'aliment vs l'habitude "apathique" qui fait "rétrograder la science"; allusion à la solution rationelle de l'aqueduc (?) "calculs certains" vs "recherches douteuses".
Idées générales, p. 123
[Le penchant naturel du génie entravé par l'école]
p. 123
Tableau des progrès des arts à partir des premiers besoins: nature vs falisification du luxe – "l'artiste bien organisé" se libère des "attractions étrangères" et dépasse les préceptes par ses impressions et penchants – généalogie négative de la création vs entrave de l'instruction: sentiment vs méthode et apprentissage inculqué; exemple de l'enfant, puis de la jeunesse géniale de Pascal – "fatal moment" de l'école: défiance, stérilité; "les leçons qu'il reçoit étouffent les germes"; allusion à la stérile imitation (nature = art)
Plans, coupes, élévations d’un lavoir et abreuvoir (Planche 49), p. 124
[L'origine contre l'imposture]
p. 124
Tableau biblique (Abraham) et mythologique (âge d'or) des lavoirs et points d'eau dans les "premiers jours du monde" – temps heureux: nature et innocence; "ris et jeux" des nymphes – constructions naturelles –
p. 125
Mais rupture avec la nature: "l'homme défigure les origines" – impostures: lavoirs fastueux et superflus (esthétique de Versailles?) – Nature "vérité constante" vs "barbarie" et "écarts de l'opulence". NOTA: petite taille du lavoir ; "étendre l'imagination du lecteur"; nature supérieure au faste.
Plan, coupe, élévation, vue perspective d’une bourse (Planche 50), p. 126
[La bourse]
p. 126
Commerce; force qui vivifie le corps politique – disposition générale: centralité, vaste, portiques couverts – célébration, (à partir d'exemples de compagnies commerciales?), de "l'association" qui "stimule l'abondance" – le "riche égoïste" au "gain illégitime" – vs la vertu fondée sur le travail qui produit l'aisance – célébration de cette société: rayonnement mondial de la bienfaisance; métaphore du "Dieu du jour" – pouvoir illimité et indépendance politique de cette "éminente association"
Mots-clefs :o
p. 127
– parfaite organisation; promesses de richesses; rayonnement mondial de l'échange – constance et long terme; promesse de fructification et diffusion de l'industrie chez les barbares – décoration intérieure: chiffon frivole (papier peint?) vs "pierre durable"; affiches corruptrices vs "murs incorruptibles"; programme iconographique (?) édifiant à lire: "monter l'esprit public"
Mots-clefs :o
Plans du rez-de-chaussée et premier étage de la maison des commis chargés de la surveillance (Planches 51 et 52), p. 128
[Rien n'est indifférent pour l'artiste; plan modeste pour grande conception]
p. 128
Effets à partir de plans modestes, circonscrits par le besoin; tirer parti du site et des matériaux – "rien n'est indifférent pour l'artiste"; élévation de ses pensées; expansion d'un plan simple par une image solaire de sa diffusion dans le "réseau doré des besoins de la vie commune"; géants vs Lilliputiens; image des ossements géants tirée des Géorgiques
Elévation de la maison des commis employés à la surveillance. Coupe (Planche 53 et 54), p. 129
[Le prestige qui fascine la vue; la pureté des origines]
p. 129
Vision "fascinée" de ce petit édifice par le voyageur; abri (porche), ombres, variété, oppositions; évocation de l'âge pur, innocent et heureux des "premiers moments de la vie"; liberté de l'imagination
Vue perspective d’une maison de campagne. Plan, coupe, élévation (Planche 55), p. 130
[variété des déclinaisons; un même droit à l'édifice]
p. 130
Modularité des élévations des maisons: même composition et variation comme des figures; définition de la bonne conduite du commanditaire (ordonnateur) – "la décoration appartient à tout le monde" – le "droit égal à un monument de goût"
Plan des caves, du rez-de-chaussée de la maison du directeur (Planche 56 et 57), p. 131
[Le souffle épique et le souvenir des conquêtes comme inspiration de l'architecte]
p. 131
L'influence de l'histoire du site sur la conception (à toutes les époques) – souvenir guerrier de ce site (guerres des gaulles?) – Victoire de César; ossements – Objection contre la chimère disproportionnée de l'inspiration épique – critique de la superstition: fastes des temples, culte usurpé des reliques – ossements prestigieux amalgamées au mortier des fondations de la maison du directeur; destination "des caves – description du rez-de-chaussée
index : présence du voyageur permet de mettre en perspective, à la faveur d'objection, de mises à distance, la complexiité du rapport à l'histoire: ici, se méfier de la chimère grandiloquente de l'épique…
Plans des premiers et second étages de la maison du directeur (Planches 58 et 59), p. 132
p. 132
leçon de la "fastueuse analyse": s'élever au dessus de la conception triviale grâce au merveilleux, aux charmes de la nouveauté, à l'ascendant des "attractions", aux événements dont l'artiste tire parti… – les "attractions" finissent par être reconnues (deviennent des "points de doctrine") et par faire "étendre les progrès des connaissances" – regrets sur les occasions manquées de l'art – investissements gâchés de "coupables spéculateurs" dans des constructions industrielles
p. 133
"Être grand dans tous les genres; remonter au principe" – culte universel d'un "Dieu rémunérateur"; programme: "culte concentré" et "objets d'habitation"; élever l'âme du spectateur – description des distributions et circulations – "la parcimonie mal entendue": défiguration de la pensée visionnaire de l'artiste du fait de la vue limitée de l'administration et de la cupidité des "sociétés intéressées"; image du volcan souterrain étouffé – "semer pour recueillir"; logique vertueuse où l'espoir du gain justifie la défense – l'artiste sans expérience cède aux "vues rétrécies" de "celui qui commande" – "la discussion s'oublie, le monument reste"; lutte de l'artiste contre l'impéritie et l'intrigue – la médiocrité gouverne
Vue perspective de la maison du directeur (Planche 60), p. 134
p. 134
Équivocité et nuances des témoignanges historiques (vertus héroïques) vs exactitude du monument et des vestiges; "caractère décidé" de l'élévation – les tourbillons sont comme prolongement de la domination du bâtiment – "contenance altière", combinaisons et contrastes – Indépendance comprise comme déploiement "de la valeur du site"; variété architecturale et variété du paysage et des saisons – développement sur la convenance: justification du choix des colonnes par la plasiticité de l'ordonnance selon les "intérêts divers": destination, distance et point de vue; ici "resserer le tableau dans le cadre qui lui convient".
index : littérature vs architecture: nuance / sens décidé
Elévation de la maison du directeur (Planche 61), p. 135
p. 135
L' adéquation à la situation, au point de vue, comme condition pour produire la surprise et les effets esthétiques – justification de la structure pyramidante: nécessaire dans les grands espaces; métaphore du couronnement, de la tête – choix des colonnes à "assises combinées": ni élégant (étant donnée la distance), ni colossal (déjà utilisé pour la porte), mais effets adaptés au sujet, au programme (usine) et à la grammaire élémentaire alphabétique et poétique – mise en scène de la réaction vaine du "professeur" (Blondel) contre l'abus des "colonnes angulaires"
p. 136
– évocation des précédents dans l'architecture française, traumatisants pour les "aéropagites" obsédés par "la forme cylindrique": les palmettes, "contours ingénieusement tourmentés"; exemples d'Inigo Jones et des "petis ordres à bossages" – insuffisance de la formation architecturale: uniformité de l'architecture publique/sacrée antique qui n'intègre pas les programmes industriels et d'habitat – prendre en compte la notion d'utilité, les nuances des situations – restriction de la convenance qui "resserre l'étendue" vs pragmatique du "dissemblable", "variété" comme "sceau du génie" – la "pusillanimité" de la tradition qui se resserre sur quelques "producitions privilégiées"
p. 137
– parcours limité ("abusif itinéraire") de l'artiste en formation: timidité, pratique commune – "Voilà ce qui enfante des monstres en Architecture": lois générales, "application vague" – critique de la compilation du modèle romain sur la question de la superposition des ordres ("copier les défauts des ordres élevés les uns sur les autres"); – deux exemples d'abus par "collection" des ordres, "encyclopédiques productions" : Versailles – les Tuileries; question de l'inadaptation des façades au peu de recul de la rue ("torturer le cou, renverser le globe de l'oeil") – critique de la surcharge des ordonnances
p. 138
– l'érudition comme vice principal; distinction entre la connaissance du passé "qui fixe nos résolutions" et le geste de création nouveau; critique des "corps" qui jugent en morcellant les parties du savoir et en fonction de la dépense – l'artiste contre les "passions et l'ignorance du temps"; le temps comme seule gage de l'immortalité (Pradon vs Racine) – irritation du génie à proportion des entraves; image du "torrent impétueux" – retour sur la maison du directeur: entre audace, compromis et persévérance; allusion dans la note aux propylées de la Manche, préparées ici avec "trente ans d'avance"
Elévation latérale de la maison du directeur (Planche 62), p. 139
[Défense du pilastre originel, ou la force du carré]
p. 139
L'Atlantide et la recherche mythique de l'origine – artistes qui se détournent de la nature pour compiler les modèles antiques – artiste original contre le "nuage administratif" – la note décrit l'ordonnance de l'édifice: sévérité, simplicité, pilastres carrés et colonnes – justification du pilastre carré par un long développement sur le pilastre, son origine et son dévoiement – supériorité de la forme entière – "mâle contenance" originaire du pilastre
p. 140
– son dévoiement (réduction à "la sixième partie de leur épaisseur") sous le bas Empire, puis par imitation de Palmyre – Diffusion du "monstre" à Paris, Rome, Londres – Louvre du Bernin – préjugés du commanditaire contre la colonne qui impose le respect – "force préservatrice du carré" comme vérité première vs "trait mutilé du compilateur qui le défigure" – impuissance de l'Artiste, effondré au seuil de l'immortalité; rappel indigné du mépris pour le "caractère décidé", les "ombres caractéristiques" du carré, image de la "rectitude sociale", de la force (Hercule), de la "trempe de l'âme" (Homère), jamais équivoque.
Coupe de la maison du directeur, sur la longueur (Planche 63), p. 141
[Le temple "cimenté sur les vérités invariables"]
p. 141
Ecueils de l'artiste en formation: "les idées inculquées" ou le "merveilleux"; le regard "des nations voisines" comme révélateur de l'abus des écoles et historiens français: l'idéalisation des Anciens – remise en cause de la vertu des grands Anciens – distance prise avec le paganisme synchrétique romain qui divinise le vice
p. 142
– variété et relativité infinies des cultes; simplicités des cultes persans, druidiques – la forêt comme temple; le refus des images (Chine, Islam) – Le Temple, co-éternel à la divinité, est au dessus des images qui frappent le vulgaire; sa décoration relève de l’imagination, puissance qui élève la pensée – Difficulté des moyens pour rendre visible l’idéalité – « Cimenter sur les vérités invariables », passer les matériaux au « feu du génie » vs inventions bizarres
Coupe sur la largeur (Planche 64), p. 143
p. 143
– Solutions sublimes: Impression des grandes lignes; assourdir les surfaces; lumière; imagination et infini – Echec du discours à traduire le sublime divin
Plan, coupe, élévation, vue perspective d’une cour de service (Planche 65), p. 144
p. 144
la distribution a été dictée par un homme à qui sa fortune ne permettait pas de bâtir une ferme
[quand sentiras-tu tout ce que tu dois au monde animal ?]
p. 145
inégalités admises entre les hommes vs développement naturel souhaité des facultés et des intérêts de tous – Double négligence causée par "l'indolente habitude": les logements pour les animaux et les parcs; pourtant la nature et les "hommes instruits" n'ont pas négligé ces programmes et les "habitants des campagnes"; Pline et Columelle – Chanter les bergers vaut chanter les Dieux; tout est susceptible d’intérêt; geste de l'artiste (peintre...) n'est jamais commun – L'artiste négligent délègue à l'ouvrier comme l'aveugle entraîné par un barbet – Justification du plan (écuries latérales et remise centrale) par les conséquence ruineuses de la "mauvaise ordonnance": maléfices de l'air et risque d'incendie; loin de contribuer à la conservation (premier principe naturel), il accélère la mort; négligence, urbaine et rurale, de l'aération –
p. 146
Solution pour allonger les lanières des chevaux – Incohérence de l'art qui libère tout en enchaînant l'animal – reconnaissance à l'animal – retour sur la brièveté de ce développement sur une matière dense: "un éveil plus qu'une instruction"; invitation à consulter les "auteurs anglais".
["Enlacez votre savoir avec celui des poètes"]
p. 147
Refus de l'usage systématique des ordres sévères; trouver l'"ordonnance dans l’analogie des plains avec les vuides"; repos vs détails – puissance décuplée de l'architecte qui poétise son sujet et s'inspire des poètes – première source d'inspiration: les Grâces, les femmes – décoration intérieure pour "stimuler le feu" de l'homme de Lettres: sublime idéal, "écarts inadmissibles" mais resserrés sur le sentiment –
p. 148
– Parnasse littéraire susceptible de faire "bouillonner le cerveau du poète"; sujets pour décoration intérieure: vertu et exclusion de la lascivité (Pétrone) – glissement de l'inspiration du poète vers l'inspiration poétique et littéraire de l'architecte; l'architecte, met en forme la nature en résonnance avec l'inspiration du poète: il "assujettira la terre aux règles immuables qui dirigent l’homme de lettres" – Esthétique supérieure et nouvelle de l'architecte: "prestiges séducteurs" et "nouvelles combinaisons" – éloge des "naturalistes" "nouveaux tyrans de la terre", jardins botaniques et agronomiques – "trésors cachés" sous la terre, promesse des "Mines du Potose" (développement sur la pomme de terre?) –
p. 149
Le "sentiment délicat du poète" qui étudie et fait parler la nature – Jardins mythologiques, divinités fabuleuses vs dégradation au profit des "chancelantes divinités des idolâtres du jour" – vanité de l'homme – L'architecte sublime, inspiration élémentaire; le poète comme égal et comme guide ("frayer la route"); Enlacez votre savoir avec celui des poètes – la note renvoie à la collaboration classique: hommes de lettres-peintres-sculpteur-architecte et jardinier – "association féconde" du poète et de l'architecte; savoir se libérer des règles; méthode vs "étude des lieux" – "éloignez vous de la méthode"; marcher sur les décombres
Jardins renaissance, y compris Poliphile? vs siècle classique et contemporaine (Bellevue?)
Second plan de la maison du directeur (Planche 70), p. 150 / Elévation et coupe de la maison du directeur (Planche 71), p. 150
[L'Architecte à la merci des "co-opérateurs"]
p. 150
"Le temps révèle avec lenteur la vérité"; la postérité – la mutilation du chantier de la maison du directeur par les "économies" voulues par les traitants
p. 151
– le reconcement à la structure pyramidale; le motif de l'intérêt mercantile comparé au "vaisseau" démâté – L'architecte, comme le poète, est fragilisé par la censure; l'architecte, à la différence du peintre qui est "maître de sa toile", est dépendant de "co-opérateurs" – Renoncement à la masse "progressive" pyramidale, mais obtention d'un péristyle, "saillies, ombres décidées"
Elévation perspective de l’église de Chaux (Planche 72), p. 152
p. 152
Chute du jour, "chimères de la nuit"; mise en scène des derniers moments de l'homme – sévérité du style en accord avec l'"abîme ténébreux" de la mort – programme édifiant du bas-relief sculpté "histoire des hommes les plus distingués" – un "traité de morale mis en action par le Phidias de nos jours"; scène de cérémonie funèbre – douleur de la perte d"une "amie" – allégorie de la Reconnaissance, vertu rare et en proie au désespoir
"Le Phidias de nos jours": à l'époque c'était Bouchardon, puis Pigalle... Mais sans doute Ledoux pense-t-il ici à Lecomte. Car il n'a pas de rapport avec Houdon
p. 153
– le corps du "héros couronné des lauriers de Mars" – musique funèbre, violente comme le combat – ciritique des aspirations à des réputations usurpées; appel à l'émotion pour "les scènes attractives qui montent les ressorts de l’esprit" – impartialité de la postérité
Plan des souterrains de l’église de Chaux (Planche 73), p. 154
p. 154
Convoi mortuaire de l'homme de bien; "il sait qu'après la vie, la considération le suit" – traversée des huit autels secondaires –
Plan supérieur, p. 155
p. 155
Question des "dépôts" (cimetière et ossements): catacombes méphitiques vs solutions d'incinération (feu ou chaux) des corps et dépôts dans des catacombes – l'incinération comme conservation totale de l'être vs fragmentation de la relique; "vases précieux" vs chinoiseries; promesse d'immortalité pour l'homme et l'artiste –
Chronologie intéressante sur les catacombes: en 1777 création de l'inspection génrales des carrières, face aux effondrement des carrières. Et les premières évacuations des cimetières intervient vers 1785.
p. 156
Contradiction dans la multiplicité des cultes différents dans un même lieu – "Tous ces conflits se heurtent à la même porte" – "Que de sentiments divers!" – opposition de la mort et du baptême – larmes de la douleur vs ris de l'enfance et de la jeunesse – plaisir qui donne la vie vs douleur de la perte – élan religieux vs erreurs de la superstition – utilité morale des "fêtes illusoires" vs usage particulier, égoïste, éclats pour les yeux – adapter les fêtes publiques aux intérêts réunis de toutes les générations, pour l"utilité générale" – obstacle: l'impétuosité guerrière de la jeunesse – "les sons enchanteurs de la lyre d'Orphée" valent mieux que les cérémonies martiales; culte articulé au "bonheur des familles" – morale et religion sensible, fondée sur l'émotion, le sentiment, le bonheur familial
p. 157
– "les délicieux provocateurs de la sensibilité" comme moteur de la bienfaisance; image d'union et de concorde autour du thème de l'enfantement douloureux et du secours mutuel des femmes – la vertu comme "suc nourricier qui adoucit les maux" de l'humanité – question de la distinction des motifs de la vie morale et de leur réunion/confusion dans un seul lieu; ne pas mulitplier les temples: "encadrer dans une superficie donnée" – revenir au principe – unité vs pratique isolée, compliquée et dispendieuse – "Entrez dans le temple": description des autels: à la naissance – à la reconnaissance, à la vertu – à l'hymen – seul "l'homme de bien", vertueux, fidèle, peut franchir les obstacles, "s'identifier à la divinité".
Débats de Ledoux dès son intervention pour la cathédrale d'Auxerre, sur la lithurgie...
Coupe de l’église de Chaux (Planche 74), p. 158
p. 158
Maison de campagne, ou temple de mémoire. Plan, coupe, élévation, vue perspective (Planche 75), p. 159
[Les preuses]
p. 159
Comparaison des désastres dûs aux conquêtes et ceux dûs aux misères et au déclin des arts – "coupable magnificence" des arts au service de la barbarie (Rome...) – habitudes barbares et ancestrales de fonder "des monuments de convention" sur "des peuples amollis" – au contraire, le monument doit "faire mouvoir les passions utiles", préférer la génération et la création à la destruction: les femmes, comme image de la création, du renouvellement, de l'adoucissement des moeurs –
Thème classique dans les annes 1780. Cameron et thermes antiques. Introduction sur le fait que l'art le plus abouti est l'art de l'Empire et pas de la république
p. 160
Puissance des femmes et maternité – ériger des monuments qui célèbrent les hauts faits des femmes; métaphore de la rose, au parfum résistant – programme scuplté: proposopée du père au fils: grands exemples de Preuses (femme du tyran d'Agrigente, Porcia, Sombreuil) – empire des Grâces
p. 161
– Jeanne Hachette; usurpation des premières places du temple de mémoire par les hommes – chant inspiré à la gloire du charme et des exploits des femmes; pensées de l'architecte "écrites en prose de feu sur ces marbres glacés" – conclusion sur le "goût épuré": variété, séduction ("préceptes aimables"), sublime poétique; le génie vs "l'homme apathique", l'homme vivant vs le cadavre – Nota: modèle antique et exotique vs modèle dans les "puissances de l'âme"; relativité des rapports de convention vs bases universelles de la nature et de l'architecture; pureté du trait; renforcement des masses pour tenir compte des distances auxquelles elles sont aperçues
Plan du Marché (Planche 76), p. 162
[Les richesses premières et leur consolidation par le commerce]
p. 162
Avantage de la situation géographique centrale; facilité du commerce; n'admettre les échanges que quand les ressources exèdent les besoins – allusions aux chantiers et projets de canaux: "réseau doré de l'industrie" qui s'étend – "l’agriculture, le commerce, les arts sont les richesses premières ; elles sont la source de tous les biens de convention"; le crédit; nécessité de diriger l'homme – intérêts solidaires du propriétaire de fonds et de celui qui les fait valoir; "la perfection du goût est utile à la prospérité publique toujours fondée sur l’aisance générale" – modèle économique d'Henri VII
Mots-clefs :0
Fragments des propylées de Paris (Planche 77), p. 163; Coupe du marché (Planche 78), p. 163 [planche déchirée et restaurée]
p. 163
– la dépense pour encourager l'industrie – modèle du simple échange (import export international) vs propriété des terres (épices, sucres, cotons, riz...) et commerce "avec ses propres richesses" – les échanges comme consolidation de la richesse d'un pays; invocation de Minerve et Mercure – Nota: allusion à la situation et au plan de l'édifice, pour en faire ressortir les enjeux importants et "éveiller le gouvernement sur les délais trop nuisibles de l’exécution."
Mots-clefs :0
Vue perspective du marché (Planche 79), p. 164
p. 164
L'art ouvre et développe "le volume immense de la nature" – vision inspirée du lever harmonieux du soleil sur la vallée de la Loue – monument du marché: pyramide, masses, ombres et contrastes, orientation – marché aux vins: "folâtre cortège" de Bacchus – quatre débits de boisson: égayer le travail, faire oublier les chagrins – marché aux chevaux: ce que l'homme doit à l'espèce laborieuse – "la foule des subsistances"; cortège des paysans
Mots-clefs :0
p. 165
– la "troupe équaillée" (poisson); les "dépouilles des forêts" (bois) – plantes – troupeau des brebis; les abreuvoirs et l'évacuation des eaux usées – justification du soin apporté à la salubrité du marché, par la haute conception du lieu: le "rêve de l'homme de bien" – Dimension vertueuse: à l'exemple des romains, érection de "quatre monuments qui appellent l’intérêt national, et réveillent la charité fraternelle": – 4 dédicaces aux fragilités des 4 âges (enfance et jeunesse abandonnée, accident de l'ouvrier, vieillesse) – épurer les affections par l’attraction reconnoissante qui lie l’homme à ses devoirs. (La note précise l'intention de l'architecte: "’abolir les misères et la mendicité"); nécessité de la couverture des marchés
Mots-clefs :O
p. 166
– "nos marchés sont à découvert"; négligence et risque de diminuer ou détruire les communications commerciales – annonce du remède – réhabilitation et construction des portiques; critique d'une conception contre-nature (du commerce?): le nécessaire comme luxe, la conservation comme destruction – condamnation des passions qui épuisent le continent (conquêtes ruineuses) – tourner les conquêtes au profit du commerce et de l'industrie; programme édilitaire au profit de l'aisance, des spectacles, des places publiques
Plan des bains de la ville de Chaux (Planche 80), p. 167
[Un monument utile pour "soulager l'humanité]
p. 167
– Appel au Dieu universel à "consoler le malheur" – L'exploitation industrielle et agricole des eaux de Salins; la question de l'emploi des eaux de faible salure: réunir les "intérêts respectifs" à ceux du gouvernement – les bienfaits médicinaux de l'eau de mer sont inacessibles aux malades du continent – la "puissance du bien" et ses "résultats productifs"; "L’Architecte qui propose un monument utile n’est pas toujours couronné par le succès." – germe de l'idée, lenteur mais confiance (métaphore de la récolte de l'automne tardif); positivité de la cupidité et de l'intrigue, qui hâtent les succès vs obtacle plus solide du "masque compatissant" quand "l’humanité affligée demande du soulagement" – certes, difficulté d'exécution propre aux "constructions qui abritent les misères": gageure pour l'artiste, de l'expression du cri silencieux de la douleur (cas limite de l'architecture parlante?); rejet des détails – Echec de la constance philantropique de l'architecte; contre-modèle ("conceptions dominantes") de bains luxueux, guidés par l'intérêt (les Bains de Spa) – exposition de la disposition générale du plan
Coupe (Planche 81), p. 168
p. 168
– profondeur des bains; ouverture de la voûte; vertu médicinale de ces bains; quête insensée des bains de mer qui néglige l'eau salée "du pays, dont elle peut disposer" – profiter de ces "biens inestimables" – Nota: précisions sur les vertus médicales des bains d'eau salée; la contrainte technique et la destination sanitaire de l'édifice ne limitent pas la liberté de l'architecte: analogie avec la construction d'une chaudière: variété possible maintenue dans le contexte d'une destination technique.
Vue perspective des bains de Chaux (Planche 82), p. 169
p. 169
Régime de la complaisance vs utilité publique – luxe matériel vs proportion comme seule magnificence; discussions oiseuses des grands vs naturel et idées premières des petits – bains à construire au bord d'une forêt, près d'un canal – Etonnement scandalisé du spectateur devant la façade "sans croisées apparentes"; justification de l'architecte: l'effacement de l'édifice; colosse orgueilleux vs "pigmée qui cache sa misère" sous les arbres – Objection du spectateur: et la séduction par la nuance picturale? réponse: la décoration émane du sujet: masse, plans, constrastes, ombres... vs décorations couteuses et inculquées contraires au "principe qui fait naître la variété". – empire dénaturant de l'habitude; comparaison à l'enfant aux facultés mutilées – le remède aux entraves? l'indépendance enfin acquise des "ordonnateurs"
Plan général d’un édifice destiné aux récréations. Plans, coupe, élévation (Planche 83), p. 170
[Le lycée des plaisirs champêtres: former le corps en assurant les moeurs]
p. 170
Eveil du voyageur: clarté du jour, calme de la nature – tourments des grands et des riches vs repos et goûts simples des "enfants de la nature", de la "classe agissante"; activités du corps – le voyageur arrive, dans un site riant, devant un "bâtiment dédié à la gaieté" – frontispice: « Ici le plaisir et la modération conduisent au bonheur.» – description épique des activités extérieures: lutte de deux charbonniers
p. 171
– lutte ("pancrace") de deux ouvriers; picturalité, souffrance sans grimace – lancé de bâton sur une oie; souffrance animale; course – vieillards juges; victoire d'une Atalante – boule et quilles; tir au pigeon – lancés – éloignez les provocantes escarpolettes ! – "délassements en tous genres": jeux de plateau, jeux de balles
p. 172
– puissance des "premières impressions de la nature"; "l’imitation a l’initiative sur les sensations ; son pouvoir développe les vices et les vertus" – "oisive cruauté" d'un combat de coq – scène d'amour naissant: le jeune nageur gracieux et la jeune fille pudique – bonheur et frugalité; "tous les plaisirs étoient rassemblés dans ces lieux." – conclusion du voyageur étonné: "former le corps sans blesser les mœurs."; entrée à l'intérieur: "Je voulus tout voir." – premier étage: cuisine et cabaret: aération et visibilité; musique et ivresse tranquille – deuxième étage: salle de danse; transparence des liens dans la petite ville vs dissimulation dans la grande ville; "sur les huit heures, tout le monde se retire": fatigue comblée – Nota: retour sur le principe de construction: "tout est apperçu" (transparence); sur le mobile de la construction de ce "nouveau lycée des plaisirs champêtres": assurer les moeurs publiques; rapprochement avec le projet des Propylées / guinguettes.
Maison d’un employé. Plan, coupe, élévation (Planche 84), p. 173; Maison du caissier chargé de payer les acquisitions de terrains de la ville de Chaux (Planche 85 et 86), p. 173
[Construire pour un "monstre d'iniquité"? Le dilemme moral de l'architecte]
p. 173
Programme de la maison du comptable: programme spécifique / distribution commune à toutes les habitations ; deux candidats (corrompu / honnête); rareté de l'homme probe dont l'administation a besoin
Mots-clefs :o
p. 174
– Longue évocation du premier candidat, dans un portrait monstrueux; richesse acquise par des "valeurs factices", "titre illusoires" – il méprise la nature pour chercher l'industrie dans le "vuide imaginaire"; métaphore des vacillations de la lumière – "nouvel alchimiste" il a bâti sa fortune sur "l'analyse du chiffon" (allusion au papier monnaie? spéculation?); tableau montreux de l'"Ictocentaure" – "l'instigateur effréné de l'implacable terreur", "sangsue gonflée des substances humaines"; embarras de l'architecte dont le génie est sans action quand il s'agit de construire pour un monstre qui "met en péril la chose publique" – "comment pourra-t-on exécuter une maison dont les données sont aussi difficiles à remplir ?"
Coupe, élévation, vue perspective. p. 175
p. 175
Nouvelle formulation du dilemme moral de l'architecte; annonce de la vengeance qui renverse les monstres – allusion à l'alliance de l'odieux monstre avec une compagnie des eaux (?) ("les Délégués du Verseau."..) – Mort de "l'artisan de tant de ruines"; tortures au Tartare – Conclusion sur la compromission de l'architecte avec les vices du siècle; "La libre inspiration s’isole de tous les genres de tyrannie"; puissance et non quantité – Supériorité morale de l'architecte ("il voit partout le bien") vs l'homme de métier, "automate du créateur"
Fragments des propylées de Paris. Monument de récréation (Planche 87), p. 176
p. 176
Plans approuvés; c'est "l'honnête comptable" qui est choisi pour l'habiter; programme sculpté allégorique: les vertus ; évocation des statues des connétables de l'hôtel de Montmorency, vandalisées (la note renvoie au tome II); constance de la vertu – projection inquiète dans l'avenir: vandalisme et oubli de l'architecte mais le souvenir des Montmorency relance la foi évangélique dans la vertu et l'égalité – Nota: retour sur l'opposition entre les deux caractères (monstre / homme probe): question de la variété et de l'exaltation (exagération) de l'imagination
[Oraison funèbre de Calonne, "ministre de la classe laborieuse"]
p. 177
Les deux soeurs Vérité et Raison – éloge funèbre de Calonne; "les détracteurs de ses talents administratifs" se taisent – ministre de la classe laborieuse qui relève les vertus du peuple par les monuments; liste des grands chantiers de Calonne – suite des chantiers et hommages – postérité de sa mémoire; âme vs matière – tristesse de ses proches – paradoxe de l'homme aimé "généralement" (cercle privé) / détesté publiquement –
Plan, coupe, élévation de l’atelier des cercles (Planche 88), p. 178
[Les "formes entières" contre les "lignes dégénérées". Produire des "effets décider"]
p. 178
"Formes entières" qui produisent des "effets décidées" vs formes déréglées: faisceaux de colonnes, "palais filigranes", lignes dégénérées.. – Asseoir "l'inconstance des désirs" sur "le pivot constant" de la "voûte elliptique": variété des sensations et situations.. – le triple critère de l'ouvrage: il exprime le sentiment de l'artiste; il est relatif au sujet; son expression est sans équivoque (épurée) – diversité (des plans, selon les besoins; et des contrastes pittoresques) des maisons de campagne vs leur "ennuyeuse uniformité"; critique de l'"insuffisance" et du "vuide de l'imagination", école d'uniformité qui se justifie, à tort, par une mausaive conception du rapport du bâti à la nature (perçue comme trop stérile ou trop sublime...) – habitude des maisons orthogonales vs formes "sans le poncis reçu" qui remplissent les mêmes besoins; les idées nouvelles exposent à la crainte et au bris de l'élan; les raisons de cette frilosité de l'administration sont économiques (fausse idée de la dépense) mais surtout politiques (rechercher l'"assentiment commun"); les "principes exclusifs" neutralisent le génie et font rétrograder les arts
Vue perspective de la cénobie (Planche 89), p. 180
p. 179
Maison facile à construire; évocation des plans et de l'élévation pittoresque; modestie et isolement de l'édifice permet le rappel du principe: "le souffle de l'art" peut "tout électriser"; une "idée peu importante" contient le "germe d'une excellente conception" – un édifice porteur des promesses de l'art: réveiller le sentiment endormi, suciter des effets inattendus – Nota: l'édifice est l'émanation du site
[" le mieux, après lequel on court, ne vaut pas le bien que l’on possède," ou La fable politique des "modernes Anacharsis"]
p. 180
Eloge de l'imagination qui "dirige vers le grand" – l'"azyle du bonheur"; le cadre pittoresque et la "succession d'effets" – solitude et médiation de l'artiste; altération vs intelligence immuable qui inspire l'artiste; destination vertueuse et sociale de la Cénobie qui lui confère l'éternité
Plan du rez-de-chaussée et premier étage d’une cénobie (Planche 90)
p. 181
– tableau de la vie champêtre et utopique de "seize familles" – l'apparition d'un "économiste" entraîne la première corruption: raisonnement et comparaison des sytèmes sociaux – les jeunes cénobites rompent le "pacte de famille" pour voyager autour du monde – incapacité de l'homme à se contenter de ce qu'il a – "le vrai bonheur n’est donc nulle part" –
p. 182
Panorama des gouvernements anciens; bonheur du peuple comme critère – tendance à la tyrannie: Ahtènes puis Rome – considérations sur les lois et le bien commun; comparaison des gouvernements anciens / modernes à la défaveur de ces derniers; Pologne et oppression des serfs – servitudes de Russie – despotisme danois – instabilité et corruption suédoise – hétérogénéité de l'Allemagne – Hollande: "le riche seul est républicain" – Amérique: fédéralisme vs puissance commune; Angleterre: fausse liberté politique et économique (représentation inégale; entraves...) mais richesse, puissance et liberté de penser – De la Méditérrannée à l'Asie en passant par les Amériques: despotisme et superstition – barbaries africaines – ignorance et pauvreté des confins; "voilà les quatre-vingts dix-huitièmes de la terre."– Modération de la Chine; liberté suisse; (la note prête une partie de ce discours à "l'économiste" guidé par la liberté comme "idole du jour")
Plan du second étage. Elévation et coupe (Planche91), p. 183
p. 183
Les "jeunes Anacharsis" reviennent au "principe" – invocation du "principe éternel de la sagesse" – fatigués et déçus, les voyageurs ne retrouvent que de "vastes ruines" – bien qu'on poursuit vs bien que l'on possède, qui est en nous-mêmes – ordonnance simple, jeu des masses, effets décidés; justification pittoresque de la forme pyramidale – le "jeu des masses" comme seul "effet" que peut produire une architecture de la 'stricte économie"
Panarétéon. Plan, coupe, élévation, vue perspective (Planche 92), p. 184
[aimeroit-on la vertu sans les Grâces ?]
p. 184
"généraliser", sous le signe de la vérité et de la vertu, la diversité des cultes particuliers des peuples à travers l'histoire; l'artiste appelle "l’épuration des mœurs par des exemples qui frappent la multitude"; le "caractère d'utilité" – "une école de morale"; les "sentiers différents" des grands sages pour arriver au même but – un "grand livre" de leçons pour l'illettré, l'enfant, le conquérant et le philosophe – les "modernes stoïciens" à la "fausse dialectique" incapables de saisir le sublime tableau annoncé ici; éloge crescendo de la "modeste sculpture" et de l'"art qui met en action la saine morale" en étonnant les sens; un art comparé au soleil
p. 185
– évocation des visiteurs (enfant, adolescent, âge mûr, vieillard) à l'abri des portiques; pouvoir des images; solitude de l'égoïsme – le voyageur pénètre à l'intérieur: rampes douces à l'image des "degrés de la perfection"; (note: le cube comme symbole de l'immuable); spectacles des Grâces – les Grâces (femmes) où le charme de la vertu – les femmes "fixent le bonheur", empire sur l'âme et sur le rejet du crime – Analyse de la proportion et de l'espacement harmonieux, de l''accord admirable" des figures (note: remarques sur l'espacement, dépendant de la massivité de la figure: Hercule vs statue svelte de femme) – programme allégorique: Sagesse, Raison, Justice, Tempérance, Modération, Continence, Générosité, Prodigalité, Magnanimité, Force d'âme, Prudence
p. 186
– Piété vs amour; les nuances du sculpteur traduisent la progressivité des vertus; rôle singifiant complémentaire des inscriptions – Adresse aux "administrateurs de nos jours": encourager les jeunes talents dans la construction d'édifice de mémoire les célébrant en retour – Adresse au créateur, "principe de tout", solidaire de son oeuvre, et qui veille à la conservation des arts – Nota: fragilité du discours ("ce qu'on dit") vs fixité et pérennité des oeuvres plastiques ("ce que l'on voit"); la vraie sculpture est affaire d'architecture: Michelange vs colonne trajanne et Arc de Triomphe de Blondel; les Propylées de la Meuse: vandalisées par des Architectes !
Fragments des propylées de Paris (Planche 93), p. 187; Maison d’une marchande de modes. Coupe, élévation (Planche 94), p. 187
[La colonne contre la gaze, ou la femme comme moteur du progrès des arts]
p. 187
La mode, "idole à cent têtes"; son succès en France; son importance politique – le "besoin d'aimer", le "désir de plaire", moteurs de commerce planétaire – les ramifications de "ces puissances discrètes" sont plus étendues que les influences des souverains – Adresse aux femmes, "divinités de la terre"; leur pouvoir tutélaire (vie, plaisirs, amitiés, conseils, soins..) mis en balance avec la frivolité de la mode;
p. 188
– leur action inspiratrice et régénératrice sur les arts; leur célébration monumentale vs fragilité superficielle du vêtement; "ornements solides" vs "gaze journalière"; les femmes appelées au secours des arts, pour régénérer les programmes modestes ou négligés – L'exemple de la maison du pauvre: la femme, par ses "sensations délicates", inspire à l'artiste le tableau pittoresque dont elle choisit le cadre – La femme moteur du progrès des arts, supérieure aux souverains: parure oubliée de Sémiramis vs mémoire de ses monuments – Nota: critique des "écarts de la mode" et leurs application dans la morale révolutionnaire: l'Être suprême, le calendrier... ; Promesse d'un nouveau règne du génie feminin: splendeur du gouvernement
Plan, élévation d’une maison destinée à deux artistes (Planche 95), p. 189
[Aux ministres: "souscrivez à l'idée qui étonne" !]
p. 189
Le vice gagne progressivement la ville naissante qui s'accroit (amour propre, mépris, vanité...) – le projet audacieux de Comédie Française de Peyre et De Wailly (gradins "progressifs"...) se heurte à la frivolité de Versailles – Les plans sont retoqués par le Cardinal (Monseigneur, son Eminence...l'abbé Terray?) sous l'influence de "la confidente de ses plaisirs" (?) – "l'art se perd dans les replis tortueux de l'intrigue" –
Vue perspective des maisons désignées sous les N°94 et 95 (Planche 96)
p. 190
Le dépit des deux artistes est sublimé dans la construction de cette maison dont le succès (jardin luxuriant) est une revanche; le dégoût engendre le prodige – la créativité de l'artiste irrité et contrarié; l'artiste démuni écrasé par les envieux; appel au jugement et à la responsabilité des ministres: souscrire à "l'idée qui étonne"; caricaturre de la mauvaise dépense publique (allusion aux mannequins d'exercice auquels les brigands font les poches) – déploration de l'alliance du faux goût et de la puissance abusée
Intéressant: L'architecte Ledoux imagine une maison comme hommage et revanche des architectes mal reçus... Sorte de transfert, car la construction est attribuée aux duex architectes !
Logement destiné aux gardes de la forêt de Chaux. Plan, coupe, élévation (Planche 97), p. 191
[Lier l'art puissant aux impératifs du programme]
p. 191
Energie des grands crimes, qui insipire le peintre et le poète tragique vs mission spécifique de l'architecte qui doit lier l'art puissant aux nécessités, aux besoins; ici ceux de la maison des gardes – le programme: visibilité (au centre de la forêt), solidité (matériaux durables), salubrité, surveillance et efficacité – ordonnance: piles carrés et bois; solution authentiquement primitive ("l'homme dans sa simplicité")
p. 192
Les pilastres carrés: histoire et condition d'emploi; ils rappellent "le grand des ordres colossaux" qui est "la base de la pureté architecturale" – pile carrée commandée par "la nature des lieux" (vs conventions); usage dans toutes les situations "où les colonnes n'offriraient pas assez d'énergie" – (Note: renvoi à certains Proplylées) – le couronnement: nécessité picturale de la pyramide (lien ciel - terre); analogie pyramide / tête – conclusion: les "grandes secousses" ne sont pas indispensables pour "remuer le sentiment" (cf. l'énergie des grands crimes en introduction); l'impression "transige avec toutes les difficultés".
Plan du cimetière (Planche 99), p. 193 Coupe du cimetière, p. 193
p. 193
Descente aux antres de la mort – partition entre séjour tranquille des âmes vertueuses / supplices éternels – Bonheur puis Renommée de l'artiste conditionnée à sa vertu, sa conscience – l'architecte doit être pur – Éloignement des cimetierres – conversion des carrières ("gouffres ténébreux") en catacombes – Lac affreux et ses vapeurs fétides – éclairage zéinthal du cimetierre – chimère de l'égalité nivelante des sépultures – incinération: le "mérite va renaître de ses cendres"; flamme du génie, immortalité – Critique du faste des pyramides – vs modèle du globe, voûte céleste; orgueil illusoire vs "sanité publique" et "bonheur commun" –
lac: cf Virgile et Dante
Vue perspective du cimetière (Planche 100), p. 195
p. 194
p. 195
Harmonie sublime de l'univers – L'architecte, parmi les astres, assiste à la destruction du monde; "la nature est ébranlée, l'homme moral n'est plus" – "un nouveau monde commence" – création des mers: considération mytho-géopolitiques sur la "passion des conquêtes"
p. 196
– opposition entre l'enthousiasme des années Chaux (1773) et l'époque actuelle vouée à la destruction: "catacombes du genre humain" et "corruption de tous les principes"; allusion à un projet militaire dans le contexte d'un aménagement littoral contemporain: "la clôture préservative des incursions meurtrières" – adresse aux artistes de l'avenir: monuments "qui affligent notre siècle" (arcs militaires, littoraux défensifs?) et "monuments de bienfaisance" à construire, "temples aux vertus sociales" – appel à l'embellissement (du littoral?) par la Nature, règne de Flore; projection imaginaire délicieuse d'une société future radieuse: liberté de la presse et bonheur –
Plan et coupe de l’atelier des bûcherons, gardes de la forêt (Planche 101), p. 197
[un atelier de bûcherons ramène aux idées premières]
p. 197
Centre des routes de la forêt. Le lieu de la surveillance, du travail, de l'exercice et de la félicité – tableau des moeurs actives dans les "retraites économiques"; foyer, cuisine, salubrité
p. 198
"Entrez dans les ateliers"; coupe des arbres; fabrication des tonneaux (?); fin de la journée de travail; sommeil et songes — existence innocente et tranquille de "l'homme occupé"; "un atelier de bûcherons ramène aux idées premières"; considérations sur l'usage du bois pour l'ordonnance: "figurer avec des bûches"; produire des contrastes mobiles et des effets décidés; "s’il est véritablement Architecte, il ne cessera pas de l’être, en construisant la maison du bûcheron ; on y retrouvera le trait qui annonce le sentiment de l’art"
Oikèma. Fragments d’un monument grec. Vue perspective (Planche 103), p. 199; Plan, coupe (Planche 104), p. 199
[ce qu’un gouvernement n’ose faire, l’Architecte l’affronte]
p. 199
Alliance morale de l'amour et de l'Hymen; invocation aux femmes ("vous qui possédez les grâces") pour qu'elles indiquent à l'"honnête homme" le "chemin de la constance" et qu'elles "régularisent" les passions – la sensation (oeil et imagination) à la source de l'excitation; la théorie des climats; "tous aiment les femmes"; mais la félicité, qui réside dans l'alliance du désir et des moeurs, est dévoyée, "en opposition avec elle-même" – L'exemple de la licence des grands hommes aggrave le vice par contagion; l'architecte va y remédier à défaut des gouvernements; il "fixe les imaginations vagabondes sur un monument qui éveille le pressentiment de la pudeur"; le geste régénérateur de l'artiste est comparé au cycle solaire –
Emplacement, p. 200; Distribution, p. 200
p. 200
Retard du progrès des idées; timidité de l'artiste qui suit la "route tracée" vs "ceux qui rêvent le bien", et sont "livrés à l'amélioration du pacte social"; la pureté pour base – La justification du projet ("on a tout fait, tout pensé"): réaffirmer la visée morale ("le bien commande") sous l'apparence de corruption; le projet tire parti de l'élan de la reproduction mais ne cherche pas à "fixer une demeure" à l'amour – "retraçons cet antique séjour que le favori des Grâces (Anacréon?) a peint" – In principio erat: l'artiste applique "le sentiment qui l'inspire" au créateur qui "met en jeu toute la nature" – évocation du site idyllique du vallon aux "prestiges séducteurs" – mise en scène de l'irruption du désir – vision du paradis de Mahomet – "je me tuerais pour obtenir la vie éternelle"
Souterrains, bains, lavoirs, séchoirs, communs, p. 201
p. 201
– Hommage à la "puissance adorée" (la femme?) qui crée l'homme; puissance qui "maîtrise le monde" – les "plaisirs s'assemblent" dans le "sanctuaire commun" – "la soif du désir altère", "un démon en tourmente un autre" –
p. 202
Entrée à l'intérieur: "je traverse un peuple d'illusions"; trépied du temple de Vénus – nuages repliés de l'ordre ionique (vs sévérité du dorique) – programme sculpté: chimères, déesses romaines de la volupté; tourtereau; cupidons... "tout inspire, tout embrase"; pureté du style et proportion: "ni trop, ni trop peu" – note: sur l'emploi de l'ordre ionique – exaltation du "divin amour de l'art" aux voluptés spirituelles et morales – imagination troublée, égarements du voyageur; il aperçoit un jeune homme qui fréquente ce lieu, reconnu par un vieux sage (la note renvoie à l'anecdote d'Horace: Platon qui félicite le jeune client d'un bordel: "vous n'êtes donc pas le corrupteur des femmes de vos amis") – difficulté d'atteindre à l'idée sublime de la sagesse
p. 203
– tombée de la nuit; entrée "des oisifs habitués" dans le lieu de perdition; "c’est-là où la jeunesse s’égare, où le goût du travail, de l’étude se perdent, où tous les élans se confondent" – "Rien de solide ou la vertu manque": renversement de l'intolérable idée de la perdition de la jeunesse en réaffirmation du pouvoir de l'homme, "calqué sur l'image de Dieu", à triompher du vice – Exaltation de l'amour dans l'hymen et "douce paternité" – 3 objections (du voyageur?): les maux sont inévitables (produits des grandes cités), ils sont entretenus et étudiés par la "surveillance philosophique", et ils produisent un bien, en l'occurence l'accroissement de la population; réponse: ces maisons sont des "gouffres" où s'ensevelit la morale – image du Tartare – Conclusion: la solution pour ranimer la vertu et l"utile pudeur" (vs la volupté corrompue), c'est d'afficher "les noms de ceux qui fréquentent ces repaires tolérés en lettres ineffaçables sur ces surfaces" – "l'hymen vertueux reprend ses droits" – allégorie de la Corruption agonisante – "malheur à celui qui ne sent pas le prix d’une association sentimentale !"
Elévation, p. 202
p. 204
p. 205
p. 206
p. 207
p. 208
p. 209
p. 210
p. 211
p. 212
p. 213
p. 214
p. 215
p. 216
Coup-d’oeil du théâtre de Besançon (Planche 113), p. 217
["On ne s'éloigne pas du principe en adoptant les formes que la nature commande"]
p. 217
« On ne s’éloigne pas du principe en adoptant les formes que la nature commande. » Réflexion sur le « premier cadre » – comparaison avec portrait de la femme aimée et son cadre. « Premier cadre » celui du monde sensuel, dévoile les passions, les caractères : « ton éloquent langage sera plus instructif que la tradition méthodique qui nous égare. » Commencements du monde : pureté, beauté, pour développer la vertu. « Captiver les affections par des grâces naïves ». Contentement effet de l’inertie des sens mais plaisir toujours prêt lasse l’imagination. – Volonté d’élever un « trône à l’amour-propre », effets horribles de la jalousie, de l’avarice. Le sage vit dans la « tranquille amitié, félicité parfaite ».
Théâtre de Besançon. Idées générales, p. 218
["Pour être un bon Architecte" / Théâtre de Besaçon, idées générales]
p. 218
Jouissance de l’amitié – « Pour être un bon Architecte » pas seulement yeux mais affections humaines, « coup d’œil de l’architecte » nécessaire « pour constater les effets que la postérité n’a pas le droit de réprouver ». Sans coup d’œil (du souverain, de l’héros) pertes. Erreurs de l’Architecte et reproches des siècles clairvoyants. « [les torts] de l’Architecte sont éternels, et plus on a de respect pour sa mémoire, moins on lui pardonne d’avoir abusé les races confiantes. » – Connaissances pour rendre les hommes meilleurs. Sceptiques répandent doute et incertitude. Bonheur de certains dans « l’appareil religieux qui en impose aux imaginations sensibles ». Efforts de l’Architecte « qui s’obstine à changer l’ordre habituel des rassemblements destructeurs de l’espèce humaine ».
[Formes des théâtres]
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Forme des théâtres et lieux balle d’un paumier [jeu de paume]. Parterre comme « parc moutonnier ». Guirlandes, ornements de remplissage. « Dieu du goût ! c’est ainsi que tu laisses profaner ton sanctuaire. » Comparaison avec la mère qui écarte l’insecte qui fatigue le sommeil de son fils. Décorations à mesurer : si intervalles trop décorés, nuisent au specteur ; si décorations insuffisantes, nuisent au spectacke. Agitation dans toutes les places. Salles corrigées forme elliptique, génie du décorateur. Salles augmentées.
[Organisation des théâtres]
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Crime à la Grèce des monuments à la lubricité [les théâtres]. Salles plus modernes et mauvais goût. Formes arrondies prestige puissant comparées aux formes de la femme. Marbres. Entrecolonnement. Orchestre dans la salle : incohérence de conceptions ! Ces « orchestriers » [néologisme péjoratif]. Orchestre trop proche du spectateur et mauvais effets. Développement sur les « comédiens poudreux ».
[Avant-scène]
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Avant-scène « c’est un repos que l’œil se prépare pour augmenter le plaisir de l’âme, en opposant la variété des situations de tous genres à la simplicité du cadre ». Avant-scène « la ligne continue de la salle jusqu’au théâtre ». Saturation de l’espace entre le spectateur et l’acteur entraîne la dégradation de « la dignité du théâtre » et de « la majesté des décorations ». Abondance mal dirigée.
[Le théâtre: "Voir partout et être bien vu"]
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Rapport avec l’œil, théâtres plus étroits que l’avant-scène, rétrécissement imagination et puissance de l’œil. Importance de la variété mais entraves. « C’est là où l’homme instruit regrette la superficie dont l’Architecte auroit dû être moins avare. » Comparaison avec compilation des exemples, citations, mais préjugés qui passent en lois. « Nos théâtres, sous ces rapports, sont encore dans l’enfance de l’art et laissent beaucoup à désirer ; la pureté des mœurs, la solidité, la salubrité, la commodité et l’effet général. » Spectacle, son but : « voir partout et être bien vu » [theatron]. Puiser dans la nature les idées premières.
["Tout est cercle dans la nature"]
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« Tout est cercle dans la nature ». Force centripète, rotation, aimant, pôles, signes célestes, satellites, planètes et leur orbite. Cercle et secret des dieux, femme pouvoir d’attraction du système, cosmogonie et cosmologie. Femmes embellissent premier rang, les hommes aux second, troisième, quatrième et loges supérieures. Logique sociale : « les plus forts protègent les faibles », spectateurs comme familles. « Tous les tons sont variés ; tout est pyramidal. » Place publique multitude en foule autour du charlatan, rayons égaux, le plus fort plus près et le plus faible plus éloigné. – « qui pourra douter que la forme de nos théâtres ne doive être progressive », forme amphithéâtrale. – Forme du demi-cercle, artiste cadre du tableau pour vue et effet. « Alors le système moral, se trouvant réuni à la force politique, rétablira les degrés naturels ». Places et prix des places mais tous bien assis et acquis « le droit de voir dans un rayon égal, et d’être bien vus ».
[Des amphithéâtres. Architecture et politique (égalité)]
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Ajouter à la base du cercle un tiers ou un quart de sa largeur, éviter déperdition des lignes courbes, pallier les vices de nos théâtres. Des amphithéâtres. « Le charme qui centralise toutes les jouissances ». Loges amphitéâtrales connues en 1776, cercles progressifs chez les anciens : « cette égalité qui confond les rangs, assigne au plus fort, au plus foible, cette pompe sociale que la philosophe sollicite, n’ont produit aucun changement ». Oubli des principes. Pas une seule manière de faire un théâtre mais variée à l’infini. « La vérité s’égare dans les sinuosités ». Comparaisons antiques.
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Description de la vue de coupe. – Distribution des gradins. Commentaire sur l’imposte décorative. La colonnade. Ornementations de la corniche. – Contrairement à ce qui se serait passé si la recherche du profit avait commandé, il n’y a pas de loges dans les hauteurs, mais des gradins pour le public sans fortune, qui profite ainsi de l’instruction morale donnée par le théâtre. – [Comparaison peu claire : les plantes parasites dépérissent faute de nourriture, mais prospèrent dans une bonne terre]
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"La mythologie est une source d’inspiration pour le décorateur. Quand vient la nuit, le théâtre s’illumine./ Description du plafond représenté sur la planche 122 : Apollon préside à l’assemblée des arts. Plaisir de l’œil aux dorures et au bleu du ciel peint. Problème de la durée de ces décors : la peinture à l’huile noircit s’il n’y a pas une ventilation suffisante, la peinture à fresque s’efface avec le temps. / Il est vain de vouloir que les ouvrages durent éternellement, tout passe, comme le sentiment amoureux. Le mauvais goût rococo, qui oublie l’harmonie des proportions, ne rend pas justice à la vraie beauté féminine qui nous élève à l’idéal. "
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Description de l’avant-scène, caractère ferme et prononcé. / [Note : Souhait d’expériences acoustiques. Les musiciens veulent être visibles sur le théâtre, et résistent à la raison, qui voudrait qu’ils soient dissimulés dans la fosse et que la musique ne couvre pas le son des paroles. Différents traités ont souligné l’intérêt de placer la voix au-dessus de l’orchestre. Renvoi au tome III, description de Louveciennes : les musiciens n’ont pas voulu se placer dans les tribunes prévues à cet effet, et ont assourdi le roi. Considérations sur l’acoustique : il faut imiter l’harmonie universelle du monde (proportions et rapports).]
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L’orchestre ne doit pas se voir et doit être subordonné aux voix. Il faut le placer dans une fosse sous la scène, aménagée selon des principes acoustiques qui en réduisent le volume, pour favoriser l’illusion de l’ensemble du spectacle et l’harmonie générale. / Eloge de l’harmonie comme principe de vie dans la nature, coupé par… [une note cruciale et dramatisée ! L’auteur est interrompu dans sa rédaction – il rédige donc en prison - parce qu’on appelle Ledoux pour l’exécuter. Mais il s’agit d’un homonyme.] Enoncé de thèses métaphysiques : rien ne se perd dans la nature, l’homme revit par la métempsychose. Puissance de l’harmonie sur les hommes.
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Puissance de la musique, qui centuple le bonheur, pourquoi n’augmente-t-elle pas aussi la vigueur sexuelle ? Mais tout passe, le rideau tombe./ Considérations sur les dimensions du théâtre : la largeur plus grande que la profondeur / [note : dimensions du théâtre de Besançon, dimensions que devrait avoir un grand théâtre./Le budget limite la taille dans une ville du 3e ordre. Économie mal entendue, car une ville pourrait favoriser le théâtre pour occuper tous les oisifs/ considérations peu compréhensibles sur l’intérêt]
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Importance de bien assujettir les châssis - Économie d’espace et d’argent. 2000 spectateurs dans un théâtre qui occupe une moins grande superficie que les autres [note : on pourrait même ajouter des loges cachées, mais la décence s’y oppose] / et qui est néanmoins spacieux./ Pas de décorations superflues, ni d’angles, encorbellement, etc. qui nuisent à l’acoustique et à l’aération/ La conservation de l’homme doit primer en tout. Partout on voit et on est vu (spectacle, et décence !)/ Fonction religieuse du théâtre dans l’antiquité. Le théâtre d’aujourd’hui doit au moins favoriser les bonnes mœurs.
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"La place de l’orchestre fait qu’il ne couvre pas le son de la voix. La disposition du théâtre fait qu’on entend et qu’on voit bien de toutes les places (y compris sur le côté). EFFET GENERAL Réussite de cette disposition : 36 rangs de spectateurs les uns devant les autres. Unité et variété. Par opposition aux théâtres où les spectateurs sont les uns sur les autres, avec des séparations décorées de mauvais goût, des loges, etc. REPONSE AUX OBSERVATIONS. Les dernières places sont moins bonnes que les premières. Oui. C’est comme dans la nature créée par Dieu, tout n’est pas égal. Mais cette disposition est bien meilleure que celle des théâtres ordinaires : les loges y cachent la vue, toutes les places de côté perdent une partie de la scène/ et finalement il n’y a presque aucune place où l’on voie bien./Le génie peut inventer d’autres formes pour aller au même but, mais le théâtre de Besançon est une réussite indépassable : économie des moyens, unités des effets, développement des lignes. "
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